Lecture: Histoires de peintures / Daniel Arasse
Daniel Arasse insiste sur le fait que la perspective est une invention et non une découverte, c’est-à-dire qu’« elle n’existe pas avant qu’on l’invente ». Et tout ce qu’il examine qui vient éclairer les conditions et la genèse de cet invention est passionnant cependant je reste gêné par la thèse principale. Peu avant, il nous invite à considérer les équivalences de processus entre l’histoire de la peinture et l’histoire des sciences. Ce qui est particulièrement fécond dans la période qui l’occupe (de la fin du 13e siècle à la fin du 19e, soit l’époque de la perspective). Or je retrouve dans cette thèse de la nouveauté absolue de la perspective, de la récusation des prétentions qu’on a pu avoir pour elle au réalisme, l’équivalent du constructivisme et du relativisme dans l’histoire des sciences. Et je crois qu’elle est justiciable de la même critique.
Arasse donne plusieurs exemples pour expliquer que d’autres perspectives étaient possibles et pas moins « naturelles », voire dans un sens plus naturelles: duplication du point de fuite, bifocalité correspondant à un parcours du regard, perspective courbe… Tous ces systèmes ont néanmoins en commun l’ambition d’organiser la surface de la peinture selon un système de coordonnées mathématiques cohérent à partir de l’analyse du processus optique et ce que la perspective dite géométrique a de particulier, c’est de simplifier au maximum le processus optique: deux yeux? on va n’en considérer qu’un, mouvement incessant du regard? on va le supposer immobile, quitte à inventer des dispositifs pour l’immobiliser, etc. Ce faisant la perspective géométrique rend possible de reproduire et de techniciser le processus optique. L’invention de la perspective est en même temps l’invention de la chambre photographique et il ne faudra plus attendre que la mise au point d’un procédé chimique de fixation des effets de la lumière pour que soit inventée la photographie. Peu après la perspective géométrique abandonnera sa place dominante dans la peinture mais prolifèrera comme jamais auparavant par son application mécanique dans la photographie.
Ainsi si la perspective est invention (au sens moderne), elle est aussi, me semble-t-il, découverte dans la mesure où elle se fonde sur une élucidation de processus existant en-dehors d’elle et de la sorte met à jour quelque chose de la réalité qui restait caché avant elle.
ne sait-on pas donc en quel année précise a été inventé la perspective ?
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Je me suis posé la même question que vous. A savoir invention ou bien découverte. Il est vrai qu’avant Alberti, les lois de la pers n’avaient pas été découvertes. Or ,il me semble qu’on tombe là, de fait, sur une objectivité dont on lève le voile.
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la perspective est crée en quel année?!
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ouais j’avoue en quel année?
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#paul, boulanger: j’ai répondu à cette question il y a 5 ans (à Kathy 13 ans, cf. ci-dessus)!
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